Loris Quêtu
Bousculer l'école pour réconcilier les savoirs et les élèves

Je suis enseignant au Campus du PSG, jeune dans le métier mais animé par une conviction profonde : le système éducatif français, tel qu’il est structuré aujourd’hui, ne répond plus aux enjeux de notre temps. Il reste prisonnier de schémas hérités d’un autre siècle, dans lesquels l’enseignant est encore trop souvent perçu comme le seul détenteur du savoir, et l’élève, comme un réceptacle passif. Je ne me reconnais pas dans cette posture, et je crois fermement que l’école doit être profondément repensée. L’Éducation nationale, malgré des tentatives de réformes successives, continue à fonctionner sur une logique verticale, centrée sur la transmission descendante et la conformité. Ce modèle date de plus de quarante ans, voire d’un siècle si l’on remonte aux fondements de l’école républicaine, et il est de moins en moins compatible avec un monde où les savoirs sont accessibles en quelques clics, où les compétences clés ne sont plus seulement cognitives, mais aussi sociales, émotionnelles, numériques et critiques. Je milite pour une école qui redonne à l’élève son rôle central. Il ne s’agit plus seulement d’enseigner, mais de permettre aux élèves d’apprendre par eux-mêmes, les uns avec les autres, et en interaction constante avec le monde réel. Cela implique de repenser la posture de l’enseignant, non plus comme un simple transmetteur, mais comme un facilitateur, un médiateur, un mentor. Une figure d’accompagnement plus que d’autorité. Le numérique, à ce titre, est un levier puissant. Pas un gadget, ni un simple outil de substitution, mais un accélérateur pédagogique, un espace de création, de collaboration, d’inclusion. Mes élèves produisent, explorent, questionnent, construisent leurs propres ressources. Je m’appuie sur des pratiques issues de la pédagogie inversée, de l’apprentissage par projet, du design thinking. Je mets en place des outils collaboratifs (tableaux numériques partagés, podcasts, capsules vidéos, intelligence artificielle éducative) pour que les élèves deviennent des auteurs de leur savoir, et non de simples exécutants. Je veux aussi questionner l’évaluation : pourquoi continuer à noter comme en 1960 ? Pourquoi cette obsession de la moyenne, du classement, du contrôle ? Je crois à des évaluations formatives, à des retours constructifs, à des logiques de portfolio où l’élève peut suivre sa propre progression. Ce que je défends, ce n’est pas une école plus "fun", ni une école au rabais. C’est une école plus exigeante, mais une exigence portée par du sens, de l’engagement, de la responsabilisation. Une école où l’on apprend à apprendre, à coopérer, à réfléchir, à créer. Une école qui prépare à la complexité du monde, pas à cocher des cases. Je suis conscient que cette position peut déranger. Elle bouscule des habitudes, des représentations, des sécurités. Mais je suis convaincu que notre mission, en tant qu’enseignants, est aussi celle d’ouvrir des brèches, de provoquer des décalages, de rendre possible d’autres formes d’apprentissage. Je ne me résigne pas à enseigner comme si Internet, YouTube, TikTok ou ChatGPT n’existaient pas. Je veux faire de mes élèves des citoyens éclairés, critiques et autonomes. C’est à ce prix que l’école retrouvera sa puissance transformatrice.
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Bousculer l'école pour réconcilier les savoirs et les élèves
Comment repenser l’école pour qu’elle cesse de transmettre des savoirs figés et devienne enfin un espace d’émancipation, de création et de collaboration, à l’ère du numérique et de l’intelligence collective ?